Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On proposa plusieurs chiffres. Hamilton, Madison, les conservateurs, ceux qui avaient le moins de confiance dans la démocratie, demandèrent que le président fût nommé pour tout le temps qu’il se conduirait bien, c’est-à-dire à vie. Cette idée aristocratique fut repoussée et on eut raison. On proposa ensuite de nommer le président pour sept ans, sans qu’il pût être renommé. C’était, je crois, une condition assez bonne. Sept ans n’étaient pas une durée trop longue, et l’interdiction d’une réélection offrait plus d’un avantage. Ce ne fut pas cependant à ce parti qu’on s’arrêta : on décida que le président serait nommé pour quatre ans, et serait indéfiniment rééligible. Quatre années de fonctions, une réélection possible, comme récompense de la bonne conduite du président, et en même temps, pour le peuple, possibilité de renommer le magistrat suprême quand il a éprouvé son mérite, ce fut le point où s’arrêtèrent les législateurs américains. Toutefois, cette faculté de réélection indéfinie, inscrite dans la constitution, fut modifiée en fait par l’exemple que donna Washington.

Dès le premier jour, Washington fut opposé à la réélection. Il lui semblait qu’un magistrat qui songe à sa réélection n’a plus seulement la pensée de gouverner le pays, il a un intérêt personnel ; c’est un élément nouveau, un intérêt égoïste, qui entre dans le gouvernement. Au bout de quatre ans, Washington voulut se retirer. C’était aussi la première opinion de Jefferson. Dans les premiers temps de la présidence, il pensait que quatre années suffi-