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faire un pouvoir exécutif unique. Ils partagèrent ce pouvoir entre cinq directeurs : on eut alors une continuelle succession de coups d’État et cette impuissance qui fit tomber le Directoire sous le mépris universel. Si l’on veut un pouvoir exécutif bien constitué, il faut qu’il soit unique, car ce qu’on lui demande, c’est de vouloir, c’est d’agir. Délibérer, discuter, préparer la loi, cela va mieux à une assemblée qu’à un individu ; il y a plus d’expérience dans une assemblée que dans une seule tête ; mais agir ensuite, faire obéir, ceci tient du commandement : il faut une volonté, une action, et, par conséquent, il faut de l’unité.

Croire qu’on fortifie la liberté en divisant le pouvoir exécutif est une erreur funeste. Il n’y a de responsabilité que là où le pouvoir exécutif est unique ; en d’autres termes, il n’y a de garantie pour la liberté contre la tyrannie que dans l’unité du pouvoir exécutif. Sans doute le premier magistrat d’une république peut usurper ; mais il est bien certain que si le pouvoir est confié à quatre ou cinq personnes, la différence de vues, de volontés, ainsi que l’absence de toute responsabilité, amèneront fatalement l’impuissance, et de l’impuissance au désordre il n’y a qu’un pas. Nous en avons un exemple récent : c’est celui du gouvernement provisoire de 1848. Il est difficile de croire que, si un seul homme avait été chargé des destinées de la France, on fût arrivé aux journées de juin. Nous en avons un autre exemple dans le Comité de salut public. L’absence de responsabilité a amené une perversion de la conscience que je n’ai jamais comprise. Quelque respect que j’aie