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papier de l’État ; mais chaque banque peut s’en fournir en déposant un tiers de son capital ; l’unité du billet n’emporte pas l’unité de banque. C’est là une réforme économique dont le temps nous apprendra la valeur ; mais légalement la constitution autorise-t-elle cette institution ? cette question sera plus d’une fois controversée aux États-Unis.

La leçon n’a pas pour nous, en apparence, un grand intérêt ; cependant elle nous ramène toujours à cette question que j’ai signalée déjà plusieurs fois, et que l’Amérique a eu le grand mérite de résoudre ; c’est que le gouvernement n’est pas tout, qu’il y a une foule de choses qui ne lui appartiennent pas. C’est là où nous en revenons toujours ; c’est une des vérités les moins connues et les plus fécondes que l’étude de la constitution américaine nous apprenne. Autrement dit, il se passe pour le gouvernement ce qui s’est passé pour l’Église au seizième siècle. L’Église, qui était la religion, a voulu être la science, elle est arrivée un jour à être le gouvernement ; on s’est aperçu enfin qu’elle voulait tout envahir. On a secoué le joug, et elle est rentrée dans le temple. C’est là ce qui arrivera pour le gouvernement. L’État, dit-on, représente l’intérêt général. Soit ; mais qu’est-ce que l’intérêt général ? Des intérêts communs à tous, voilà pour moi les intérêts généraux ; il ne faut pas les confondre avec des intérêts communs à beaucoup de gens, ce qui n’est pas la même chose. L’Église, l’école, la commune, ne sont pas des intérêts généraux. Les intérêts de l’Église n’intéressent que les gens qui font partie de cette Église ; l’école, que les gens du lieu ; les