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tion, ce serait une question très-délicate de savoir où serait le siège de cette confédération ; car on aurait toujours à craindre que les passions populaires surexcitées dans la capitale du gouvernement ne l’emportassent sur la volonté générale. Si la France était découpée en quarante ou cinquante provinces, et que la capitale fédérale fût à Bordeaux, on pourrait craindre que les passions bordelaises ne l’emportassent sur la volonté française.

C’est ce qui arriva, en 1783, quand le congrès était à Philadelphie. Menacé par des mutins, il recourut aux autorités de l’État pour obtenir protection, mais on mit tant de froideur à le défendre, qu’il se retira dans le New-Jersey. Il fallait donc avoir, pour y placer le siège du gouvernement, un lieu qui n’appartînt à aucun État : car mettre le congrès dans un État, c’eût été mettre le congrès dans la dépendance de cet État.

Aux États-Unis, la capitale politique de chaque État est presque toujours une ville peu importante. Ce n’est pas New-York qui est la capitale de l’État de New-York ; c’est Albany, qui est une charmante ville, mais petite en comparaison de New-York. On a mis là la législature pour qu’elle soit à l’abri de la passion populaire. Pour le congrès, on voulut faire la même chose ; on déclara qu’on choisirait un district en dehors de tous les États pour être le siège de la législature de l’Union. Cet endroit fut choisi par Washington, au bord du Potomac. Ce fut le Maryland et la Virginie qui fournirent le territoire dont on fit le district de Colombie. Plus tard, lorsque le congrès voulut abolir l’esclavage dans ce district, il y eut des querelles. En 1846, on remit à la Vir-