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tection de l’indépendance ; ils y attachent l’idée que nous attachons, nous, à l’armée. C’est ce qui explique comment, en Angleterre, la marine est plus populaire que l’armée. Le même esprit règne en Amérique. Le législateur, cependant, a compris qu’il fallait une armée pour la défense de l’Union, et il a admis que le congrès pourrait lever des troupes, non par conscription, mais par enrôlement volontaire, et que ces troupes seraient à sa disposition. Il n’y a pas de chiffre fixé, on n’a pas pensé qu’un congrès pût se trouver en désaccord avec le pays. D’ailleurs le congrès ne dure que deux ans, et la constitution décide qu’on ne pourra voter les fonds de l’armée que pour deux ans. Un congrès n’en peut jamais engager un autre.

Les Anglais ont poussé encore plus loin l’horreur des armées permanentes ; le Mutiny-Act est voté chaque année. L’armée est annuelle. Si un roi pouvait tourner l’armée contre le Parlement, à la fin de l’année cette armée se débanderait sans qu’on pût trouver de juges qui condamnassent les soldats pour s’être révoltés contre leurs officiers.

Quant aux Américains, jusqu’en 1861 leur armée permanente était une heureuse fiction. En 1861, il y avait, je crois, seize mille hommes de troupes dans un pays de trente-un millions d’habitants, et ces seize mille hommes étaient répartis dans quarante ou cinquante postes-frontières. Ce qu’il y avait de plus difficile pour un Français arrivant en Amérique, c’était d’apercevoir des soldats. Aujourd’hui tout ceci est changé ; on en voit partout.