Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/440

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Franklin ; mais je n’ai jamais vu de bonne guerre ni de mauvaise paix. »

Ce n’est pas seulement du président que la loi se défie, c’est aussi des États particuliers ; car la souveraineté ne se partage pas. La constitution décide « qu’aucun État ne peut, sans l’aveu du congrès, entretenir des troupes régulières ou des vaisseaux de guerre en temps de paix, ni s’allier avec d’autres États ou une puissance étrangère, ni s’engager en guerre, à moins qu’il ne soit envahi ou qu’il n’y ait un péril imminent qui ne souffre point de délai[1]. »

Cette dernière exception porte avec elle sa justification. Un État envahi ne peut attendre qu’il lui vienne de Washington l’ordre de se défendre. Cet ordre pourrait arriver à temps aujourd’hui avec la télégraphie électrique ; mais à l’époque où la constitution a été faite il n’en était pas de même, et d’ailleurs, en tout pays, c’est une maxime constante que nécessité n’a point de loi.

Le droit de faire la guerre implique nécessairement le droit de lever des soldats, d’avoir une marine. Ce droit, aujourd’hui formellement reconnu au congrès, est ce qu’il y a eu de plus contesté pendant la révolution américaine. Les États avaient une répugnance extrême contre les armées permanentes, et, il faut le dire, cette répugnance est le fond de l’esprit anglo-saxon. Les armées permanentes, c’est un danger pour la liberté. Pour les Anglais, au contraire, la marine est la pro-

  1. Constitution, sect. x, cl. 3.