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n’est pas naturel qu’un auteur procure à un peuple des jouissances, et ne tire aucun profit de son travail. Il est souverainement injuste que les livres qui font le plaisir des Anglais aillent faire le plaisir des Américains, et que, chaque fois que ceux-ci ouvrent un de ces livres, ils puissent se dire : « Je lis cet ouvrage, mais on en a volé l’auteur. » C’est là un abus qu’il faudrait corriger.

Je viens à un pouvoir d’une tout autre nature, au pouvoir de faire la guerre. Le pouvoir de faire la guerre est le pouvoir politique par excellence, et en même temps ce qu’il y a de plus dangereux pour un peuple ; car, si ce pouvoir appartient au prince seul, dans nos temps modernes, où chacun vit de travail et d’industrie, on peut être ruiné du jour au lendemain. En Angleterre, on a conservé le vieil usage féodal. C’est le roi seul qui déclare la guerre ; mais, comme il ne peut agir que par des ministres responsables, qui savent qu’ils joueraient leur tête en engageant le pays dans une guerre qui ne serait pas populaire, il n’y a rien à craindre. D’ailleurs, on ne fait pas la guerre sans argent et sans soldats, et c’est le Parlement qui vote l’impôt et, le chiffre de l’armée.

En Amérique, où le pouvoir exécutif est subordonné, c’est au congrès qu’appartient le droit de déclarer la guerre ; mais en même temps on a laissé le droit de faire la paix au président et au Sénat. Pour ce qui est un danger, on a laissé le pouvoir aux représentants ; pour ce qui peut être un avantage, on a laissé le pouvoir au président et au Sénat. — « Je suis vieux, disait