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discussion assez vive a eu lieu en Angleterre à ce sujet.

La raison en est simple : c’est que les communes seules, c’est-à-dire le peuple paye l’impôt, et que la Chambre des lords, n’étant pas choisie par le peuple, ne peut voter pour lui. Les mêmes raisons n’existent pas aux États-Unis ; les sénateurs sont aussi bien les délégués du peuple que les représentants : aussi la constitution reconnaît-elle aux sénateurs le droit d’amender tout bill de dépense ; mais elle a voulu que les bills de dépenses soient présentés pour la première fois devant les députés, par la raison qu’ils représentent le nombre, tandis qu’au contraire le Sénat, par sa composition, n’offre pas les mêmes garanties ; car il pourrait très-bien arriver que la majorité des membres du Sénat ne représentât guère plus du tiers de la nation. Voilà comment une disposition anglaise a pris en Amérique une physionomie toute différente ; ce qui a un caractère communal et féodal en Angleterre n’a qu’un caractère de bon ordre dans la constitution des États-Unis.

Cette question des impôts avait rarement agité les États-Unis avant ces derniers temps. Les douanes donnaient tant d’argent et les dépenses générales étaient si faibles, que les impôts directs avaient à peu près disparu. En 1836, ils ne figurent même plus sur les états de revenu. De 1833 à 1859, on avait vendu pour 682 millions de terres publiques. Aussi, en 1861, l’Amérique pouvait-elle étaler aux yeux de la vieille Europe une prospérité sans pareille, et une dette publique