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qu’on ne savait qu’en faire[1] ; je crois qu’une bonne raison a dicté ce choix. D’abord il faut toujours chercher, dans ce qui se fait en Amérique, une imitation anglaise. On ne peut comprendre l’Amérique quand on ne connaît pas l’histoire anglaise. En Angleterre, la Chambre des communes nomme son speaker, mais le chancelier n’est pas nommé par la Chambre des lords. On a suivi le même système aux États-Unis. Mais il y a une raison meilleure. Les sénateurs étant en petit nombre et représentant les États, si le président avait été pris parmi les sénateurs, quelle aurait été sa situation ? Le président aurait-il voté ? Lui reconnaître ce droit, c’était lui donner une autorité plus grande qu’à un membre ordinaire. L’État auquel aurait appartenu le président aurait bénéficié de cette influence, d’autant plus qu’il est toujours nécessaire, dans une assemblée, de pouvoir la départager quand il y a vote égal. Ceci doit arriver souvent dans une assemblée peu nombreuse et dont les membres forment un chiffre pair. Qui eût départagé le Sénat ? Donner cette voix prépondérante au président, c’était donner trois voix à un État. Lui aurait-on retiré le droit de voter ? l’État n’aurait plus eu qu’une voix. On nomma donc président du Sénat le vice-président des États-Unis, qui représente l’Union. On avait en lui un président que tout le monde pouvait accepter. Du reste, s’il a une voix pour départager l’assemblée, il ne vote pas ordinairement comme sénateur.

C’est ainsi qu’on a été conduit à choisir pour prési-

  1. Tucker, cité par Story, § 733.