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Nous ne reconnaissons plus sous ces noms les chefs d’opposition, lord Chatham nous cache Pitt ; mais on peut dire que tout ce qu’il y a eu de vivant, d’actif, d’hommes éminents depuis un siècle, en Angleterre, a fini par aller se reposer à la Chambre des lords.

C’est ainsi qu’en Angleterre, comme en Amérique, comme à Rome, on a établi ce principe excellent, qu’il faut que l’aristocratie naturelle du pays ait sa place, et qu’un pays n’est bien gouverné que lorsqu’il a pour chefs ses hommes les plus capables et les plus distingués. En Angleterre, les services de l’aristocratie nouvelle protègent et défendent l’aristocratie héréditaire. En Amérique, il n’y a pas d’aristocratie héréditaire ; mais il y a de grands noms qui se sont faits eux-mêmes : il y a des chefs d’opinion. Pour qu’ils ne soient pas dangereux, pour qu’ils mettent au service du pays leur génie ou leur talent, on les envoie au Sénat. Voilà le principe accepté par la constitution des États-Unis. Elle a fait du Sénat une aristocratie élective. On n’y trouve rien de cette basse jalousie qui empêche de s’élever dans la vie politique tout homme qui s’élève dans la société, et qui appelle cet abaissement le triomphe de la démocratie.

Voilà sur quels principes profondément justes est formé le Sénat d’Amérique. Maintenant, comment fonctionne-t-il ? À toute assemblée il faut un président. Aux États-Unis, le président du Sénat n’est pas nommé par le Sénat, mais par la constitution. C’est le vice-président des Etats-Unis qui est président du Sénat. Je ne dirai pas avec un Américain qu’on l’a mis là parce