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pairs, cette erreur particulière à la France, de vouloir gouverner avec deux chambres dont l’une soit tout par l’opinion tandis que l’autre n’est rien. Lorsque vous avez une pairie nommée par le pouvoir, cette pairie n’a aucune force. L’Amérique, au contraire, donne à ses deux chambres une racine populaire. Elle a deux espèces de mandataires : les uns nommés directement par le peuple ; les autres élus de façon médiate par les sénateurs de chaque État. En France, nous n’avons jamais compris cette vérité ; on s’est imaginé qu’on fortifierait l’autorité en lui donnant une chambre nommée par elle, mais au contraire c’est une faiblesse de plus. Si l’on avait dit aux départements : Nommez des pairs choisis parmi les illustrations des arts, des sciences, de l’industrie, du commerce, etc., vous auriez obtenu ainsi un pouvoir qui aurait contrebalancé l’autre chambre et servi la liberté.

La seconde erreur de la charte de 1830, c’était l’étroitesse du régime électoral. Étranger au peuple, le gouvernement est tombé de faiblesse, et la France a laissé perdre en un jour trente ans d’expérience et de liberté.

J’arrive à 1848. Ici la critique devient plus délicate. Je sais qu’on nous autorise à parler d’histoire moderne ; mais c’est une chose difficile, non pour le professeur qui n’a ni amour ni haine, mais parce que je pourrais rencontrer dans l’auditoire des sentiments que je ne voudrais pas froisser. Laissons de côté les hommes. Je dirai qu’il y a dans la constitution de 1848 de graves erreurs ; elles viennent de ce que ceux qui furent chargés de faire cette constitution prirent leur modèle dans