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que deux cent vingt-trois membres, quand les Anglais en ont six cent cinquante-neuf dans la Chambre des communes. Pour le Sénat, il y avait des raisons particulières d’avoir un petit nombre de membres. D’abord, si l’on avait envoyé un grand nombre de délégués au Sénat, les États auraient perdu quelque chose de leur souveraineté, ils n’auraient pu suffisamment inspirer les sénateurs de leur esprit ; mais la grande raison, c’est qu’on donnait au Sénat des pouvoirs de gouvernement. C’est lui qui accepte le cabinet du président, qui approuve les choix diplomatiques, qui approuve et rédige les traités. On ne pouvait charger de cette mission une assemblée trop nombreuse. On voulait avoir une réunion d’hommes capables, et qui pût discuter portes fermées lorsqu’un traité serait apporté par le président. C’est une preuve de sagesse du peuple américain d’avoir décidé que le Sénat ne serait pas nombreux. On a trouvé là un autre avantage, c’est de donner une grande importance aux sénateurs. Ce qui fait, en effet, la valeur des membres d’un corps, c’est qu’ils ne soient pas très-nombreux. Il est évident que, si l’Académie française se composait de sept à huit cents personnes, elle ressemblerait à l’Académie de… ; je ne veux rien dire de désagréable à personne.

Un grand avantage de ce petit nombre, c’est que le pays connaît individuellement les sénateurs, et a toujours les yeux sur eux. Ainsi, dans telle ou telle affaire, on se disait : Que fera Clay ? que pense Calhoun ? que dira Webster ? Les hommes éminents ont ainsi une grande action sur l’opinion et sur le pays. Or, toute influence