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Voilà, certes, un des grands problèmes de la politique. L’Amérique en a trouvé la solution dans la représentation des États. Ces États sont quelque chose de vivant. Il y a ainsi dans le Sénat des représentants du nord et du midi, et par conséquent des éléments de stabilité et de variété. C’est une des choses que nous comprenons le moins en France. Nous sommes tous mathématiciens sans savoir les mathématiques, logiciens à outrance sans savoir la logique, rien ne nous plaît que l’uniformité. Cette uniformité est bonne dans les choses matérielles. Faites des rues droites, rien de mieux ; mais, si vous vouliez soumettre tous les hommes à la même taille, je plaindrais la nation condamnée à ce supplice de Procuste. Est-il plus raisonnable de soumettre au nombre l’infinie diversité des droits et des intérêts ? La variété, c’est la vie ; l’uniformité, c’est la mort, disait Benjamin Constant, l’homme de France qui a le mieux saisi les conditions de la liberté.

Voilà ce qu’ont trouvé les Américains en donnant des sénateurs à chaque État. Le hasard les a servis. Maintenant, comment sont nommés ces sénateurs ? Randolph proposa dès le commencement qu’on les fît nommer par la Chambre des représentants. En d’autres termes, il proposait de faire ce qu’on a fait en France en 1848, lorsqu’on décida que l’Assemblée législative nommerait les conseillers d’État. En 1848, la chose pouvait se défendre. Le conseil d’État n’était pas un corps populaire, c’était un conseil de gouvernement. Mais il n’y a de pouvoir populaire que