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petits et des grands États qui a fini par amener une transaction. Ainsi cette organisation est particulière à l’Amérique, mais elle a eu des conséquences heureuses qui peuvent nous servir d’enseignement.

Lorsque les treize colonies se trouvèrent en présence après la révolution et cherchèrent à se réunir en un seul empire, les petits États eurent la crainte d’être absorbés par les grands. C’était un sentiment très-juste qui les faisait s’attacher à leur indépendance locale. Ils commencèrent donc à demander l’égalité complète ; ils voulurent faire décider que dans la Chambre des représentants, comme dans le Sénat, chaque État enverrait un même nombre de députés ayant un même nombre de voix. Les grands États répondirent qu’on arriverait ainsi à ce résultat bizarre de faire gouverner la majorité par la minorité. Il y avait treize États fort inégaux en étendue, en richesse, en population ; si les sept plus petits États s’unissaient ensemble pour faire la majorité légale, le tiers de la confédération gouvernerait les deux autres tiers. D’un autre côté, les petits États répliquaient qu’ils ne voulaient pas abdiquer leur souveraineté. Ils disaient qu’il fallait imiter le système du monde, où le soleil attire autour de lui les planètes sans les absorber. Mais on ne fonde pas un empire avec des métaphores ; il était trop facile de répondre que les États n’étaient pas comme les planètes, qui ne se touchent pas. Pour régler des intérêts communs, il fallait un gouvernement de majorité, et de majorité non pas fictive, mais réelle.

On termina le différend par un compromis. Il fut dé-