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de la même prudence, l’Amérique ne peut être représentée au dehors que par des ministres et des consuls agréés par le Sénat. C’est de cette façon que les États-Unis en sont arrivés à se faire considérer comme une grande puissance, tandis que pendant la révolution, avec ses congrès qui se renouvelaient sans cesse, l’Amérique ne pouvait traiter avec personne, et restait faible et méprisée.

Ainsi donc, pour le dedans comme pour le dehors, pour maintenir la sécurité à l’intérieur et défendre au loin l’honneur national, il est nécessaire d’avoir une seconde chambre représentant la permanence et la tradition.

Maintenant, y a-t-il une raison pour que cette assemblée soit impopulaire aux États-Unis ? Tout au contraire, car il ne s’est rien fait de grand au dehors et de durable au dedans que cette assemblée n’y ait joué son rôle. C’est ce qui explique comment aux États-Unis le Sénat est un corps plus considéré que la chambre des représentants, et comment, au lieu d’y voir une aristocratie et un privilège, on n’y voit que ce qu’elle est en réalité, la fleur de la représentation nationale, le grand régulateur, le balancier du gouvernement[1].

Il faut donc arracher de notre esprit un préjugé enraciné. Une seconde chambre n’est pas nécessairement oligarchique et impopulaire. Ce préjugé, qui a été une des grandes causes de l’insuccès de nos constitutions républicaines, est démenti par l’exemple de l’Amérique.

  1. Story, § 700.