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qui est une collection d’hommes, que pour un seul individu. Nous ne pouvons du jour au lendemain nous transformer brusquement, et rompre toute attache avec le passé. Si nous examinons quelles sont la plupart de nos idées, nous verrons que ce sont des idées traditionnelles qui servent de transition aux idées nouvelles. Nous vivons sur l’héritage de nos pères, et, comme dit Leibnitz : « Le présent est le fils du passé et le père de l’avenir. »

Maintenant, qui peut représenter les éléments traditionnels d’une nation ? Ce ne peut pas être une chambre mobile, nommée pour peu de temps, et qui arrive pour faire triompher des idées nouvelles, souvent mêlées de faux et de vrai ; c’est donc s’abandonner au règne de la passion, que d’avoir une seule assemblée. Il faut, dit-on, que la volonté du peuple se fasse ; oui, mais les nations comme les hommes ont deux espèces de volonté : la volonté de l’heure présente, et la volonté du lendemain, qui est la raison. Il faut donc laisser aux nations comme aux individus le temps de la réflexion, ce temps ne peut leur être donné que par un examen multiplié. De plus, une chambre n’est pas tout ; elle est constituée à côté d’un gouvernement. Ce gouvernement, qui maintient la paix et la sécurité publique, représente l’intérêt actuel du commerce, de l’industrie, de la navigation, des lettres, de la science et des arts, etc. Où sera sa défense contre l’envahissement d’une assemblée que nulle barrière n’arrête ? Là où vous avez une monarchie fortement constituée, les chambres n’ont qu’un droit de critique ; elles passent et disparaissent, le