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puisse dissoudre la Chambre, et on arrivera ainsi au système, suivant moi, le plus vrai, le plus franc, le plus républicain qui, toutes les fois qu’une difficulté se produit entre les pouvoirs, renvoie au peuple pour qu’il décide la question.

Tel est donc le système américain. Vous voyez combien toutes ces questions ont été résolues avec sagesse. La durée des assemblées est peut-être un peu courte, elle est cependant assez longue pour qu’on puisse étudier les lois. En somme le système est excellent.

Avant de finir, je voudrais répondre à une objection qui plus d’une fois a dû se présenter à votre esprit. Sans doute, direz-vous, nous voyons bien dans tout cela qu’on cherche ce qu’il y a de meilleur et de plus raisonnable ; on tâtonne, on choisit, mais il n’y a pas de règle fixe ; et surtout il n’y a rien qui ressemble à la belle structure de nos constitutions, rien qui soit jeté en moule, et qui vienne d’un premier jet. Alors qu’est-ce que la politique ? C’est une science de bonne femme ; il n’y a aucun principe arrêté.

C’est cette idée que je voudrais examiner avec vous. C’est une question des plus délicates, elle touche à une des erreurs invétérées de l’esprit français. Pour cela il faut que je vous fasse un peu de philosophie ; mais vous m’avez habitué à tant d’indulgence que je ne crains pas de me hasarder sur ce terrain, plus nouveau peut-être pour moi que pour vous.

L’esprit de l’homme est absolu, il va directement à l’absolu et à l’infini. Ce sentiment de l’infini, comme disait Descartes, c’est la marque de l’ouvrier : Dieu s’est