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La loi américaine veut qu’on ne nomme jamais qu’un député à la fois ; il n’y a pas de scrutin de liste. C’est la pensée constante des peuples libres, qu’il faut que les élections soient faites directement. Il faut que les électeurs ne choisissent qu’une personne, et connaissent bien la personne qu’ils choisissent.

Vint ensuite une question de détail qui a joué un assez grand rôle, la question du traitement. Dans les idées américaines, les mandants doivent toujours payer leur mandataire. En Angleterre le traitement des députés n’a jamais été abrogé, et on a conservé le nom du dernier député qui s’est fait payer sous Charles II, après la Restauration. Mais depuis longtemps, depuis bientôt deux siècles, la loi est tombée en désuétude. L’aristocratie anglaise a double profit à écarter ce salaire ; elle diminue la concurrence et elle accroît sa popularité. Aux colonies, au contraire, l’usage était qu’on payât les représentants suivant la durée de la session, et il y avait certains pays où on le faisait chaque matin, en leur répétant une petite formule pour qu’ils songeassent à abréger leurs discussions. La constitution fédérale une fois établie, le congrès décida qu’on payerait aux membres du congrès, sénateurs ou représentants, 4 dollars par jour, plus un droit de voyage, nommé mileage, à raison de 8 dollars par vingt milles, aller et retour du siège du congrès. Il arriva ce que nous avons vu plus d’une fois dans notre pays, qu’on se plaignit que les représentants prolongeaient les sessions pour toucher plus longtemps leur indemnité. On a fini par adopter un système d’indemnité fixe ; on donne 6 000 dollars par chaque con-