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Franklin, vous ne pouvez réunir les hommes sans réunir du même coup leurs passions, leurs faiblesses, leurs petites idées. Si ces hommes sont cinq ou six, ils se font chacun leur part, et vous avez une oligarchie qui vous gouverne ; mais s’ils sont en trop grand nombre, vous avez des éléments de discorde considérables. Il faut donc que l’assemblée ne soit ni trop ni trop peu nombreuse.

Quel est ce milieu qui convient à un pays ? Il serait difficile de le dire. Quant à moi, je pense que la division en 450 arrondissements et 450 députés, qui existait sous la monarchie constitutionnelle, était suffisante, et que, quand il y a trop ou trop peu de députés à nommer, il n’y a pas pour l’électeur cette liberté du choix qui lui est aussi nécessaire qu’à l’élu.

Les Américains nommèrent donc un député par 30 000 habitants, ce qui leur donna 65 députés pour leur premier congrès. Le chiffre des députés devait augmenter ; les Américains ont toujours pensé qu’ils formeraient un jour une nation de 100 millions d’hommes. C’est une idée qui n’est pas sortie de leur tête depuis Franklin. On pensait donc que le nombre des représentants s’accroîtrait. Mais, avec l’horreur des grandes assemblées, la pensée constante des Américains a été d’empêcher que cet accroissement ne devînt excessif. Notez bien que ces députés, qui représentent des États, n’ont pas à s’occuper dans le congrès de questions d’intérêt local, mais seulement de questions d’intérêt général, de tarifs de douane, etc. Il n’est donc pas nécessaire qu’il y ait autant de dé-