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plus que tout le reste, a contribué à établir l’unité américaine. En Angleterre, on avait donné des représentants à des comtés, à des villes, autrement dit à des abstractions, ou, si l’on aime mieux, à des champs et à des murailles, car on ne tenait pas compte des habitants ; d’où résultait que, la ville venant à se dépeupler, il n’y avait plus qu’une poignée d’électeurs. Les Anglais avaient suivi avec une telle rigueur cette manière de procéder, qu’en 1832 il y avait cinquante-six villes et bourgs entièrement dépeuplés, qui, en tout, n’avaient plus qu’environ deux mille habitants, et qui nommaient cent onze députés : si bien qu’il y avait des députés qui étaient nommés par six, huit, dix, douze personnes, tandis qu’il y avait des villes de plus de cent mille âmes, comme Manchester, Birmingham, etc., qui n’avaient aucun représentant. La réforme de 1832 consista à donner ces cent onze députés non plus à des murailles, mais à des populations.

Le système américain a l’avantage de suivre le progrès de la population, et de le suivre en dehors et au-dessus des États. Ainsi la Pensylvanie a aujourd’hui vingt-trois députés, et New-York, qui en avait six en 1787, en a trente aujourd’hui.

Restait un dernier point. Quelle serait l’unité électorale ? en d’autres termes, combien faudrait-il d’électeurs pour nommer un député ? Vous savez que la constitution française a pris le chiffre de trente-cinq mille électeurs. Les Américains n’ont pas pris le chiffre électoral, ils ont pris celui des habitants, ce qui favorise les pays où il y a beaucoup de femmes, d’en-