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l’histoire, et combien il est pernicieux de faire un compromis entre le droit et l’injustice, même avec les meilleures intentions. On croyait avoir fait quelque chose de très-sage en transigeant ; en fait, on avait ajouté aux vices du Sud une constitution aristocratique qui devait un jour l’entraîner dans une lutte contre la démocratie. Rien n’est si aristocratique que d’avoir des esclaves, de ne rien faire personnellement, et de disposer de la vie de ceux qui nous entourent. Quand vous dites aux gens du Sud : il vous sera permis, parce que vous avez des esclaves, d’être dix mille pour nommer un député, tandis que pour ces Yankees, qui vivent de leur travail, il faudra qu’ils soient trente mille ; la conclusion pour les gens du Sud est qu’ils sont d’une race particulière, supérieure, qu’ils sont de grands seigneurs. L’esprit aristocratique a été développé, agrandi par la constitution, et c’est précisément cet esprit aristocratique qui a rendu le Sud si impatient, et amené la révolution que nous voyons aujourd’hui. C’est donc la loi de l’histoire, que toutes les fois que vous transigez avec la justice vous serez puni. C’est pour cela que l’histoire est la plus grande leçon de morale qu’on puisse présenter aux hommes. La faute commise en 1787 a reçu sa punition en 1863.

La représentation étant proportionnelle à la population, on décida que, suivant que la population varierait, la répartition changerait, et on établit un recensement décennal qui servit à faire la répartition. Cette mobilité de la représentation, qui donne satisfaction aux intérêts nouveaux, est un principe excellent, et qui,