Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sud, qui déniaient toute condition civile à l’esclave, réclamaient pour lui le droit de faire nombre en politique, afin de confisquer le droit politique comme ils confisquaient déjà le travail du nègre.

Dans les deux camps on était dans le faux, comme on y est toutes les fois qu’on veut faire violence à la nature des choses. On pouvait dire aux gens du Nord : non, les esclaves ne sont pas des brutes, ce sont des hommes, réclamez qu’on les traite comme des hommes. On pouvait dire aux gens du Sud : puisque l’esclave est un homme en politique, donnez-lui donc des droits civils, laissez-lui sa femme, ses enfants, son travail. Au lieu de cela, on fit un compromis politique. C’est l’article le plus triste de la constitution. On n’y parle pas d’esclaves, on dit que les élections se feront proportionnellement à la population, et on décide que, pour les autres personnes (c’est par cet euphémisme qu’on désigne les malheureux nègres), elles compteront comme trois pour cinq ; en d’autres termes, que cinq nègres seront comptés pour trois personnes blanches. Il y a donc, en Amérique, une partie de la population qui est représentée par tête, et une autre, les nègres, qui, en ce cas, est diminuée des deux cinquièmes. Moyennant ce sacrifice, le Sud, de son côté, abandonna au congrès le droit qu’il revendiquait pour les États de régler le commerce ; c’était un avantage pour le Nord, qui faisait tout le commerce, tandis que le Sud, où il n’y a qu’une production agricole, avait plus à gagner à la liberté commerciale.

Mais voyez comme il y a des lois inviolables dans