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Une fois décidé que l’assemblée serait nommée pour deux ans, on arriva à une autre question : comment se ferait le partage des représentants entre les divers États ?

C’est une question qui a occupé nos pères pendant la Révolution ; nous avons, dans la constitution de 91, un système étrange dans lequel on représente distinctement le territoire, la richesse et la population. Donner des représentants au territoire, abstraction faite de la richesse et de la population, c’est donner une représentation aux pierres et à la terre. Je crois que c’est la seule fois qu’on ait imaginé pareille chose. L’inventeur, du reste, était le roi des esprits chimériques, c’était Sieyès.

En Amérique, il y avait treize États qui se réunissaient. Donnerait-on le même nombre de représentants à chaque État, ou établirait-on entre eux une proportion ? C’était, comme toujours, la question de la souveraineté des États qui reparaissait. De petits États, comme Rhode-Island ou le Delaware, voulaient être assimilés à la Virginie, qui était dix fois plus considérable. Ce système fut écarté, mais écarté par un compromis. On sentait qu’il y avait là un intérêt à ménager, on transigea. On adopta pour le Sénat la représentation par État, c’est-à-dire un chiffre uniforme, et on établit pour l’autre Chambre une représentation proportionnelle.

Restait à choisir le principe de proportion. Serait-ce la richesse ou la population ? L’idée d’établir les députés proportionnellement à la richesse, aux contributions