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tions d’éligibilité. Quelles conditions demander à un homme qui représente la nation ? Il y a là un double principe à ménager. Il faut que le système soit organisé de façon à ne faire entrer dans la chambre que des hommes honnêtes et capables ; et, d’un autre côté, il faut que le peuple puisse choisir.

Quelles sont les qualités d’un bon député ? Il y a là un idéal dont on ne s’inquiète guère aujourd’hui ; il suffit que le peuple choisisse, on dirait qu’il ne peut jamais se tromper ; nous avons pourtant quelques exemples du contraire.

Au seizième siècle, lord Coke, le rival politique de Bacon, cherchait l’idéal d’un bon parlementaire ; et comme à cette époque on procédait par comparaison, de même qu’aujourd’hui par abstraction, il avait trouvé l’idéal du bon parlementaire dans le règne animal. Cet idéal, c’était l’éléphant ! Il faut, dit-il, que le bon parlementaire soit comme l’éléphant. L’éléphant (toujours suivant Coke) n’a pas de fiel ; ainsi faut-il que le bon parlementaire soit sans envie, sans malice, sans passion et sans rancune. L’éléphant est constant et inflexible ; ainsi doit faire le bon parlementaire, qui doit marcher droit devant lui sans que rien le détourne du bon chemin. L’éléphant a une mémoire sûre ; ainsi doit être le bon parlementaire, afin que le souvenir du péril passé l’éclaire sur le péril à venir. L’éléphant, quoiqu’il soit très-intelligent et très-fort, est doux et sociable : qualités excellentes, car le défaut souvent des plus forts et des plus capables est de rapporter tout à eux. Enfin, l’éléphant est philanthrope, il aime les hommes et montre