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de plus juste ; mais pourquoi ne compterait-on pas à M. Thiers ces quinze mille voix avec les trente mille qu’il a obtenues à Valenciennes, à Aix ou ailleurs, et ne le déclarerait-on pas membre de la Chambre ? Pourquoi, en outre des deux cent cinquante personnes qui ont eu la majorité requise en chaque collège électoral, ne déclarerait-on pas députés ceux qui auraient obtenu en différents collèges la majorité exigée par la loi ? Y a-t-il quelque chose de sacramentel dans une circonscription électorale, et celui qui rassemble vingt ou trente mille voix dans le pays n’est-il pas le représentant d’une grande opinion ? Et même, à vrai dire, n’a-t-il pas plus de racines que l’élu d’un simple collège local ? N’est-il pas à un plus haut degré le mandataire des électeurs puisqu’il a réuni plus de voix et par toute la France ? Supposons que l’opposition eût choisi M. Thiers pour son candidat dans tous les collèges, on aurait pu avoir ce résultat bizarre d’un candidat réunissant un million de voix et partout exclu.

La réforme que propose M. Hare est donc fondée en justice et en raison. Ce n’est pas son seul mérite. Ce système serait sincère, ce qui est beaucoup en politique, et il aurait un avantage énorme : c’est que chacun saurait que son vote vaut quelque chose, tandis qu’aujourd’hui, avec la condition d’une majorité locale, vous arrivez à ce résultat, que les diverses minorités, certaines de leur défaite, ne veulent même pas se déranger ; quarante-cinq pour cent des électeurs ne se présentent pas au scrutin.

En Amérique, comme en Angleterre, comme en