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a publié ses Considérations sur le Gouvernement représentatif, dont j’extrais ce qui suit :

« En me prononçant pour le suffrage universel, mais graduel, je n’ai tenu aucun compte de la différence du sexe. Mon opinion est qu’elle n’a rien à faire avec les droits politiques, non plus que la différence de taille ou la couleur des cheveux. Tous les êtres humains ont le même intérêt à être bien gouvernés ; le bien-être de chacun est également affecté par un bon ou un mauvais gouvernement ; chacun a également besoin d’avoir un suffrage pour en partager les bienfaits. S’il y a une différence, elle est à l’avantage de la femme, puisque étant physiquement plus faible, elle a plus besoin de la protection des lois et de la société. Il y a longtemps que l’humanité a abandonné les seules prémisses dont on pourrait conclure que la femme ne doit pas voter. Personne aujourd’hui ne prétend qu’il faut tenir les femmes en servitude, qu’elles ne doivent avoir d’autre pensée, d’autre désir, d’autre occupation que d’être les servantes de leur mari, de leur père ou de leur frère. Mariées ou non, il leur est permis de posséder, et d’avoir des intérêts d’affaires aussi bien que les hommes. On trouve même convenable et bon que les femmes pensent, écrivent, instruisent l’enfance. Dès qu’on admet cela, les incapacités politiques n’ont plus de fondement.

« Il n’est même pas nécessaire d’aller si loin. Quand il serait aussi vrai qu’il est faux que les femmes sont nées pour être une classe inférieure, confinées en des occupations domestiques, et sujettes à l’autorité domestique, elles n’en auraient pas moins besoin d’un vote pour se protéger contre l’abus de cette autorité. Les hommes, aussi bien que les femmes, n’ont pas besoin de droits politiques afin de prendre part au gouvernement, mais simplement afin de n’être pas mal gouvernés. La majorité du sexe mâle est composée de gens qui seront toute leur vie ouvriers des champs ou des fabriques ; cela ne fait pas que le droit de voter soit pour eux