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politique. J’admire le patriotisme de ces années révolutionnaires auxquelles nous devons notre indépendance ; mais là se borne mon admiration. Dans la politique de la Convention, je ne vois que le despotisme, monstre peu admirable, qu’il ait une seule tête ou qu’il en ait quatre cents.

De notre mauvaise éducation, il est résulté qu’en 1848 on a voulu jouer à la révolution. Les gens qui reprenaient les traditions de 1793 ne savaient guère ce qu’ils faisaient : c’est leur excuse. Ils voulurent une assemblée unique, parce qu’il y avait eu une assemblée unique de 1790 à 1793. On reprenait au Moniteur de 1790 ses vieux arguments et ses vieilles erreurs, comme on reprenait à la Monnaie les coins républicains. Après la restauration monarchique venait la restauration révolutionnaire. On ne se demandait pas si depuis la Convention la France avait marché, ni si le mot de révolution était synonyme du mot de liberté.

Il y avait à la nouvelle Constituante des gens raisonnables qui n’avaient point oublié le passé, ils demandèrent deux chambres au nom de la liberté. Avec une seule assemblée, disaient-ils, on retombera dans l’anarchie, qui, lorsque l’opinion est pour le pouvoir législatif, tue le pouvoir exécutif, et, dans le cas contraire, tue l’assemblée.

Cette opinion fut soutenue par M. Odilon Barrot. M. de Lamartine dit naïvement qu’il voulait une assemblée unique, tout en réservant l’avenir, afin d’avoir une dictature dans les grandes occasions. Cette opinion de M. de Lamartine avait le mérite d’être