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seule chambre ou qu’il y en ait deux, c’est toujours du sacrifice partiel des volontés particulières que se formera la volonté exprimée, la volonté générale. Toute la question est donc de savoir si avec deux chambres il n’y a pas plus de garanties qu’avec une seule. Et il suffit d’ouvrir l’histoire pour y voir qu’avec une seule assemblée, la chance n’est plus pour la sagesse, mais pour la passion.

On a dit encore que deux assemblées se querelleraient toujours ensemble et tiendraient l’opinion en suspens. Il y a quelques exemples de ces querelles en Angleterre, où il y a une chambre héréditaire qui défend quelquefois un intérêt particulier ; mais cela ne s’est guère vu en Amérique, par la raison que là où deux assemblées sont nommées par le peuple, et souvent renouvelées, leurs divisions ne peuvent avoir d’autre effet que de forcer le peuple à se prononcer pour l’une ou pour l’autre, c’est-à-dire à se faire un avis ; et par conséquent, au lieu d’être un inconvénient, cette agitation est un avantage.

On a dit aussi que les deux assemblées se faisant contre-poids, il en résulterait une inaction complète. C’est transporter dans les affaires une observation qui n’est vraie qu’en mécanique, et prendre une comparaison pour une raison. Où voit-on dans l’histoire ces assemblées qui se tiennent en échec, et qui s’annulent mutuellement ? Des députés qui ont un mandat temporaire ont toujours le désir d’agir, on s’est plaint quelquefois qu’ils en faisaient trop, rarement qu’ils n’en faisaient pas assez.