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Turgot émettait là un axiome qui allait plus loin qu’il ne le pensait, car, s’il est vrai que tout ce qui établit différents corps soit une source de division, il est évident qu’une chambre qui se compose d’une grande quantité de membres se trouvera dans les mêmes conditions. Quatre cents membres dans une assemblée sont une cause de division bien autrement grande que deux assemblées. La conclusion logique est que le gouvernement tout entier devrait être entre les mains d’une seule personne. C’est là où l’on va directement avec ce principe. Et notez que cette idée, que la représentation d’une nation doit être simple, est une idée qui a toujours été prêchée aux foules par les gens qui désirent être seuls les représentants de la nation. Auguste, le fondateur de l’Empire, ne manqua pas de réunir tous les pouvoirs. À la fin de la république, tous les pouvoirs étaient divisés, les tribuns tenaient en échec les consuls, les pontifes avaient aussi quelque autorité ; Auguste se fait consul, pontife, et se donne la puissance tribunitienne qui lui permet d’arrêter tous ceux qui le gênent, et de n’avoir à répondre de ses actions devant personne. Les empereurs étaient très-fiers de ce titre de représentants de la nation, ou de tribuns perpétuels, qu’Auguste avait inventé ; et, pour descendre à un autre Auguste, un jour que le Corps législatif avait apporté à Marie-Louise l’hommage des représentants de la nation, Napoléon fit insérer une note au Moniteur pour dire que le Corps législatif avait une fonction dans l’Empire, mais que le seul représentant de la nation c’était lui, Napoléon. Dans la conception impériale, nommé comme