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et il n’en coûte à l’État d’autre sacrifice que celui d’un être de raison, d’une spéculation plus ou moins utile qui n’a pas eu son effet, mais qui pourra l’avoir dans la suite.

« En un mot, l’effet de la division du pouvoir exécutif est ou l’établissement plus ou moins prompt du droit du plus fort ou une guerre continuelle ; celui de la division du pouvoir législatif est ou la vérité ou le repos.

« Règle générale, par conséquent, pour qu’un État soit stable, il faut que le pouvoir législatif y soit divisé ; pour qu’il soit tranquille, il faut que le pouvoir exécutif y soit unique[1]. »

Cette comparaison est parfaitement juste ; il est évident qu’une barrière que nous portons avec nous, et que nous déplaçons à volonté, n’est pas un obstacle. Pour nous arrêter, il faut quelque chose d’extérieur, une résistance effective. Une assemblée unique, n’ayant rien qui gêne la faculté qu’elle a de faire les lois, est nécessairement une puissance illimitée, et une puissance illimitée est, par sa définition même, une puissance despotique.

Ces idées étaient tellement répandues en Amérique, qu’elles furent adoptées dans toutes les constitutions des États aussi bien que dans la constitution fédérale. Il n’y eut d’exception que pour la Pensylvanie. Pendant quelque temps il n’y eut qu’une seule chambre, et cela par l’influence de Franklin, qui lui-même avait été influencé par les philosophes français, et surtout par Turgot. Le résultat fut mauvais, et ne dura pas.

À la Convention fédérale, on n’eut même pas l’idée de proposer une seule chambre. On avait un siècle et

  1. Delolme, Constitution d’Angleterre, liv. II, ch. iii.