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ni pouvoir exécutif, ni pouvoir judiciaire qui puissent la modérer, parce qu’aucun n’a de prise sur elle, si bien que vous voyez qu’avec cette séparation absolue des pouvoirs, quand l’opinion est pour l’assemblée, c’est l’assemblée qui règne en despote ; quand l’opinion est pour un homme, cet homme est un maître. La victime de cette séparation absolue des pouvoirs, c’est toujours la liberté.

Vous sentez maintenant si cette question de la division des pouvoirs est aussi simple qu’on serait tenté de le croire à première vue.

Si les pouvoirs ne doivent pas être isolés, comment peut-on les mêler ensemble : en d’autres termes, quelles sont les garanties qui peuvent être prises pour protéger la liberté ? On en a imaginé de plusieurs sortes. On a divisé le pouvoir législatif de manière à l’empêcher d’être despotique, on a donné au chef de l’État le droit de dissoudre le Corps législatif, on lui a donné l’initiative des lois, ou bien encore on lui a donné le veto. Voilà les garanties successives inventées pour tâcher que le pouvoir législatif fût obligé de rester dans ses limites constitutionnelles.

L’Amérique n’avait pas à se préoccuper de la dissolution des chambres ; ce système ne convient guère dans une république, où l’assemblée est plus que le chef de l’État. Quant à l’initiative attribuée au pouvoir exécutif, c’est une assez pauvre garantie ; en général, elle lui est plus désavantageuse qu’utile, quoique des politiques, qui ont peu étudié l’Angleterre et l’Amérique, soutiennent couramment le contraire. L’Amé-