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semble dans la même main, mais cela ne doit pas empêcher que le pouvoir exécutif ait une part de la législation, que le pouvoir législatif ait une influence sur l’administration, ni même que le pouvoir judiciaire supplée, au besoin, à l’insuffisance des lois. Cette prétendue confusion est tellement nécessaire, que là où on établit la séparation absolue, on arrive aux résultats les plus étranges, comme le prouve malheureusement notre histoire.

Que dit en effet l’expérience ? c’est que l’effet nécessaire de cette parfaite division n’est pas de maintenir l’équilibre, mais de donner à l’un des trois pouvoirs la prépondérance. La séparation absolue, c’est la guerre entre les pouvoirs. Pour que chacun d’eux reste dans ses limites, il faut qu’il soit tempéré, c’est-à-dire jusqu’à un certain point partagé.

Écartons le pouvoir judiciaire qu’il sera toujours aisé de faire rentrer dans l’ordre, dominé qu’il est par le pouvoir législatif ou par le pouvoir exécutif. Supposons que la Constitution ait entièrement séparé les deux pouvoirs exécutif et législatif, et voyons ce qui arrivera. Nous en avons deux exemples dans notre histoire, le premier Empire et l’Assemblée constituante.

Je renverse les dates, pour mieux vous faire sentir que la division absolue n’est pas moins profitable au despotisme d’un homme qu’à celui d’une assemblée. Sous l’Empire, il y a un pouvoir exécutif tout-à-fait indépendant du pouvoir législatif. On a tout calculé pour que les chambres ne puissent se mêler de rien autre chose que du vote des lois. Demandez-vous si