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tradition anglaise, elle était acceptée comme article de foi.

À cet égard, nous avons les déclarations les plus fermes de Jefferson, de Samuel Adams, de Madison, d’Hamilton. Tous répètent que la définition du despotisme, c’est la concentration de la souveraineté. Enfin, les législateurs du Massachusetts inscrivaient en tête de leur constitution : « Nous voulons que les pouvoirs soient séparés, car nous voulons qu’au Massachusetts ce soient les lois qui règnent et non les hommes. »

Ce principe, proclamé par toutes les constitutions libres, n’est plus contesté en théorie ; mais en pratique il en est tout autrement, et quand on examine de plus près la question, on s’aperçoit qu’elle est loin d’être sans difficultés. Qu’entend-on par cette séparation des trois pouvoirs ? Suffit-il d’écrire sur un parchemin que le pouvoir législatif se tiendra à sa place, le pouvoir exécutif à la sienne, et que le pouvoir judiciaire n’empiétera pas sur le domaine de la loi ? Que de fois nous avons proclamé ces belles maximes, et que de fois les pouvoirs exécutif et législatif ont dépassé leurs limites ! Il faut donc des garanties qui maintiennent ces pouvoirs à leur place ; mais leur division même, quelle est-elle ? Est-ce une division parfaite, une séparation absolue ? Jamais le pouvoir exécutif ne doit-il s’immiscer dans la confection des lois ? Le pouvoir judiciaire n’a-t-il jamais le pouvoir législatif ? Les chambres ne doivent-elles jamais se mêler de l’administration ? ou veut-on dire simplement qu’il ne faut pas qu’un seul et même individu ait tous les pouvoirs dans la main ? Si l’on