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tique, et il y joignait l’étude de l’antiquité, cette maîtresse de la vie politique qui n’a point encore épuisé ses enseignements.

Wilson est oublié aujourd’hui, mais de son vivant il était apprécié par de bons juges ; c’est sur lui que s’appuie Franklin, c’est lui qu’il charge de lire ses discours. Ainsi, en lui rendant justice, je ne peux pas me tromper de beaucoup, puisque Franklin, qui connaissait les hommes, avait pour lui une grande estime.

Quoique étranger de naissance, Wilson était profondément Américain de sentiments et d’idées. Dans la Convention, personne ne vit plus clairement les causes de la faiblesse inhérente au gouvernement de la Confédération. Pour lui les États s’étaient réunis et confondus dans la déclaration de guerre comme dans la déclaration d’indépendance ; il n’existait plus ni colonies ni souverainetés distinctes ; il n’y avait plus qu’un seul peuple américain, localement partagé en États. Il restait une distinction municipale ; il n’y avait plus de distinction politique. Aussi Wilson fut-il de ceux qui insistèrent le plus vivement sur la nécessité d’établir la représentation directe du peuple, comme principe fondamental de la Constitution fédérale. C’est là une des choses les plus importantes et les plus neuves de la constitution des États-Unis. C’est peut-être même une des plus grandes vérités politiques qui aient été trouvées dans les temps modernes. Je m’explique. Jusqu’à la constitution américaine on avait vu des confédérations d’États, c’est-à-dire des États souverains, qui envoient un certain nombre d’ambassadeurs à une