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idées pour ne pas empêcher la concorde de s’établir, des hommes d’État qui s’oublient pour ne songer qu’à l’intérêt général, ce sont là de véritables patriotes ; l’espèce en est rare, il faut les honorer partout où on les trouve.

Le troisième personnage dont j’ai à vous entretenir est James Wilson de Philadelphie. Son nom est inconnu en Europe. En Amérique même, on n’en parle guère. Son rôle historique est des plus modestes. Il a été un des premiers juges choisi par Washington pour la cour fédérale, et il est mort, je crois, en 1792, à cinquante-six ans, sans laisser un grand souvenir. C’est cependant, pour moi, un des hommes les plus éclairés, un des politiques les plus éminents qu’ait possédés l’Amérique.

Ce qui a contribué à son obscurité, c’est qu’il était étranger. Né en Écosse, vers 1742, élevé à Glascow et à Edimbourg, il avait quitté sa patrie et s’était établi à Philadelphie en 1766. Sans fortune, il était entré dans le collège de Philadelphie, en qualité de tutor, c’est-à-dire comme professeur particulier, et s’était fait remarquer par sa connaissance profonde de la littérature classique ; puis il avait étudié le droit, s’était fait avocat, et avait obtenu à Philadelphie une position assez honorable pour que, de 1775 à 1783, on l’ait envoyé deux fois au congrès. Il a pris part à toutes les grandes affaires de la révolution. C’est un des signataires de la déclaration d’indépendance ; il a concouru au vote des articles de confédération et à celui du système de revenu. Il avait donc en 1787 un fonds d’expérience poli-