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laire. Vous vous rappelez qu’il devait y avoir treize conventions particulières où la constitution serait discutée treize fois par la nation. Avec de pareilles garanties, il semble que les hésitations de Randolph étaient excessives. Néanmoins il refusa de signer ; mais, arrivé en Virginie, sentant bien que de l’adoption de la constitution dépendait le salut de l’Amérique, il se sépara de Georges Mason, son compatriote, qui lui aussi avait refusé de signer, et se réunit à Madison pour défendre, comme citoyen, l’acte qu’il n’avait point osé approuver comme simple mandataire. En agissant de la sorte, Edmond Randolph rendit un grand service à la patrie. Dans la convention de Virginie, on avait contre soi l’éloquence de Patrick Henry. Madison avait donné de très-bonnes raisons en faveur de l’Union ; mais il fallait un de ces discours qui entraînent une assemblée, car du vote de la Virginie dépendait la destinée même de la constitution. Ce fut Randolph qui se chargea de faire ce discours, et voici quelle en fut la conclusion.

« J’ai travaillé, dit-il, à maintenir notre ancre de salut. Aussi sûrement que je crois en Dieu, je crois que notre sécurité politique, notre bonheur et notre existence comme nation dépendent de l’union des États. Sans cette union, le peuple de Virginie, comme celui des autres États, serait exposé aux indicibles calamités qu’amènent la discorde, les factions, la turbulence, la guerre et le sang versé. Il faut que l’esprit américain et l’orgueil américain se réunissent pour assurer le magnifique triomphe de l’Union. Réveillons cette glorieuse fierté qui a défié les foudres de l’Angleterre. Qu’on ne puisse pas dire de nous qu’après avoir accompli les plus nobles ex-