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posait que ce qu’on a appelé plus tard le Sénat fut choisi par la chambre des représentants sur une liste présentée par les législatures des États particuliers. Ce sénat, choisi par l’assemblée des représentants, comme notre conseil d’État de 1848, n’aurait pas eu de racine populaire, et, par conséquent, n’aurait été ni une résistance ni une force. Randolph voulait aussi que le pouvoir judiciaire fût obligé, dans certains cas, de s’associer avec le pouvoir exécutif pour apposer le veto aux décisions du pouvoir législatif.

C’était un système compliqué, et par cela même impuissant.

Dans la Convention, Randolph prit une part active à la discussion. Mais quand vint le moment de signer la constitution, il hésita par un scrupule honorable : il doutait que son mandat l’autorisât à faire un pas aussi hardi. On s’était réuni pour amender les articles de confédération, et, au lieu de cela, on avait fait une constitution nouvelle, une constitution qui n’était plus celle d’une confédération d’États, mais celle d’un peuple. On avait réellement constitué une nation. Les scrupules de Randolph était exagérés, car il ne s’agissait en définitive que d’un projet qu’on soumettait à la nation. Des mandataires ne dépassent point la limite de leur pouvoir lorsqu’ils n’arrivent pas à l’exécution et qu’ils réservent à leur mandant la liberté d’accepter ou de refuser. En France, ce n’est pas de cette façon qu’on agit ; nos délégués se chargent toujours de faire pour nous nos propres affaires, et de disposer seuls de nos plus chers intérêts. En Amérique, on respecte mieux la souveraineté popu-