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qui pour nous a peu d’intérêt, et qui est peut-être une des plus importantes. Il fit décider que les États particuliers ne pourraient jamais faire de loi rétroactive, ou de loi qui affaiblit les obligations des contrats. En d’autres termes, il n’est pas permis à la Virginie, par exemple, de déclarer qu’on ne payera que quatre pour cent d’intérêt par an, quand le contrat a stipulé qu’on payerait cinq ; qu’on payera en papier quand il a été décidé qu’on payerait en argent. Cette disposition a fort aidé à l’unité des États-Unis. Ce ne sont pas toujours les lois politiques qui font le plus pour l’unité des nations, et il est certain que le Code civil a contribué aux progrès de la démocratie beaucoup plus que toutes nos constitutions. Il en a été de même de la disposition proposée par Rufus King. Supposez en Europe une même loi des contrats, une même monnaie, des douanes communes, et voyez quel pas énorme vers l’unité ! Que ne devrait-on pas à celui qui, en rapprochant ainsi les intérêts, rapprocherait les cœurs ! Voilà quel fut le rôle de Rufus King. Je le signale pour montrer quelle bonne foi ce jeune politique mettait dans l’accomplissement de sa mission patriotique ; comment, au lieu d’apporter dans la Convention fédérale des passions de parti, il n’y avait apporté que l’amour de la patrie.

Rufus Ring nous a laissé le noble exemple d’un citoyen qui se rend à l’expérience, et lui sacrifie sa vanité. Edmond Randolph, un autre enfant de la révolution, nous montrera également ce que peut le patriotisme sur un cœur honnête et dévoué.

Edmond Randolph appartenait à une des premières