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aussi aisément acceptée par les coquins qu’une accusation de coquinerie.

Enfin, deux cent cinquante des principaux, fameux dans les tribus, hommes de renom, se mirent à la tête de la foule qu’ils excitaient, et la poussèrent à un tel degré de frénésie, qu’elle criait : « Lapidons-les, lapidons-les, et assurons ainsi nos libertés.

De tout ceci il appert que les Israélites étaient un peuple jaloux de sa liberté nouvellement conquise. Cette jalousie en elle-même n’est pas un défaut ; mais, en se laissant mener par des hommes artificieux, qui parlaient de l’intérêt public et ne songeaient qu’à leur intérêt propre, le peuple d’Israël attira sur lui de grands malheurs.

La même histoire inestimable nous apprend encore qu’après une suite de siècles, quand cette constitution fut devenue vieille et corrompue et qu’on proposa de la corriger, la populace dont les ancêtres avaient accusé Moïse de vouloir régner en criant : « Lapidez-le, lapidez-le ; » cette populace, excitée par le grand prêtre et par les Scribes, accusa le Messie de vouloir se faire roi des Juifs, et cria : « Crucifiez-le, crucifiez-le. »

De quoi il est permis de conclure que l’opposition de la foule à une mesure publique n’est pas toujours une preuve que la mesure soit mauvaise, encore bien que l’opposition soit excitée et dirigée par des hommes de distinction.

De ce qu’on s’oppose violemment et sans raison à la constitution, je n’entends pas conclure que notre Convention générale ait été divinement inspirée quand elle a dressé cet acte important. Mais j’avoue que j’ai tellement foi dans le gouvernement général du monde par la Providence, que je ne puis me figurer qu’un acte aussi important pour le bien-être de tant de millions d’hommes qui existent aujourd’hui, ou qui formeront la postérité d’une grande nation ; que cet acte, dis-je, ait pu se faire sans être en quelque degré influencé, dirigé, gouverné par ce Maître tout-puissant, présent partout, et tou-