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conduite des anciens Juifs avec celle des antifédéralistes aux États-Unis.

Un avocat zélé de la constitution fédérale a dit, dans une certaine assemblée publique, « que la répugnance de la plupart des hommes pour une bonne constitution est si grande, que, si un ange du ciel nous apportait une constitution faite au ciel tout exprès pour nous, cette constitution n’en rencontrerait pas moins une violente opposition. »

On lui reprocha l’extravagance de son opinion, il ne se justifia point. Probablement il ne lui vint pas à l’esprit, sur le moment, que l’expérience avait été faite, et qu’elle est rapportée dans la plus fidèle de toutes les histoires, la sainte Bible ; autrement il me semble qu’il aurait pu soutenir son opinion par cette incontestable autorité.

L’Être suprême avait pris plaisir à élever une famille, jusqu’à ce qu’enfin cette famille devînt, un grand peuple. Après avoir retiré ce peuple de la servitude, au moyen de plus d’un miracle accompli par Moïse, son serviteur, Dieu donna à ce serviteur choisi, et en présence de toute la nation, une constitution et un code de lois que le peuple devait observer. Ce code avait pour accompagnement et pour sanction la promesse de grandes récompenses, la menace de punitions sévères, comme conséquence de l’obéissance ou de la désobéissance.

Cette constitution, quoique la Divinité y présidât (et c’est pour cela que les écrivains politiques l’appellent Théocratie), ne pouvait être mise à exécution que par le moyen de ministres de Dieu ; c’est pourquoi Aaron et ses fils, ainsi que Moïse, furent établis comme le premier ministère du nouveau gouvernement.

On aurait pu croire qu’un peuple reconnaissant aurait vu avec plaisir la nomination d’hommes qui s’étaient fait connaître en procurant la liberté de la nation, et qui avaient hasardé leur vie en s’opposant ouvertement à la volonté d’un puissant