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centralisé. Cependant on peut dire que l’influence de Franklin fut bonne, et que, grâce à lui, la majorité fut peut-être plus grande.

Quant à lui, il eut un mot digne de Socrate. Il avait les yeux fixés sur la place qu’occupait Washington. Derrière le fauteuil du président était un tableau assez médiocre, qui représentait un soleil. Franklin montrant ce tableau du doigt à ceux qui l’entouraient, leur dit : « Les peintres déclarent que dans leur art c’est chose difficile que de distinguer un lever d’un coucher de soleil. Bien des fois dans le cours de cette session, dans nos alternatives de crainte et d’espérance, j’ai regardé cette peinture sans pouvoir dire si c’était un lever ou un coucher de soleil ; mais maintenant j’ai le bonheur de voir que ce n’est pas un soleil qui se couche, c’est un soleil qui se lève. » C’était, en effet, le soleil de la liberté qui se levait sur l’Amérique et sur le monde entier.

Lorsque la constitution fut soumise aux suffrages du peuple, Franklin était mourant et ne quittait plus sa chambre. Il ne pouvait donc faire partie d’une convention d’État ; mais il pouvait encore écrire, et vous savez que les derniers écrits de sa plume ne sont pas les moins remarquables. Il y a notamment un pamphlet contre l’esclavage qui est une des choses les plus ingénieuses qu’il ait faites. Il est impossible de combattre cette abominable institution par des arguments plus poignants.

L’écrit que Franklin publia en faveur de la constitution est une parabole intitulée : Comparaison de la