Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acte et à se l’approprier. Mais pour Patrick Henry, cette idée était le renversement de tout ce qu’il avait vu. Henry était soutenu par des hommes considérables, tels que Georges Mason et Monroë, qui fut le successeur de Madison à la présidence. Le résultat du vote était douteux. Il y avait soixante-huit membres, et la convention était également partagée. Ce fut là que triompha l’excellent esprit de Madison. Il avait l’art peu commun de ne pas blesser ses adversaires. Nous avons des avocats habiles, qui n’ont d’autre préoccupation que l’effet que leur discours fera le lendemain dans le journal ; quand les ministres auront été bien aiguillonnés, tourmentés, le lendemain le pays dira : Voilà un beau discours ? Mais de cette façon on ne fait pas les affaires du pays. Le véritable politique est celui qui s’occupe de la cause qu’il défend plus que de sa vanité ; il évite tout ce qui pourrait blesser et cherche à rendre tous les partis favorables à son client, la liberté.

C’était là le talent de Madison. Après une discussion qui ne dura pas moins de vingt jours, il obtint une majorité de huit voix, qui décida du sort de la constitution.

C’est la plus belle page de la vie de Madison celle qui nous intéresse le plus. Plus tard il a joué un grand rôle politique, mais en dehors du cadre de nos études. Je n’en dirai donc que quelques mots. Il était l’ami de Jefferson, qui a eu sur lui une influence prépondérante. Jefferson était le chef du parti qui a toujours voulu grandir les États aux dépens de l’Union, et