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New-Hampshire. Le vote de la Virginie était donc décisif. Mais dans cette convention se trouvaient des hommes d’une grande valeur qui ne voulaient pas de la constitution, et à leur tête Patrick Henry, le plus ardent et le plus éloquent orateur de la Virginie, le premier apôtre de la révolution. Patrick Henry ne voulait pas de la constitution par des motifs qui paraissent aujourd’hui singuliers. Le Sud s’est séparé du Nord en prétendant que la constitution fédérale permettait à tout État de se retirer de l’Union, que ce n’était qu’un traité d’alliance entre États souverains, et que quand un État trouvait le lien trop serré, il pouvait le rompre. Eh bien, il y a soixante-dix ans, ces mêmes gens du Sud ne voulaient pas de la constitution parce qu’elle détruisait la souveraineté des États, et établissait un pouvoir central ; c’est-à-dire qu’ils attaquaient la constitution il y a soixante-dix ans, en lui reprochant d’être ce qu’elle est réellement, tandis qu’aujourd’hui on lui dénie ce caractère pour plaire aux passions du moment.

« Quoi ! disait Patrick Henry, vous commencez votre constitution en disant : « Nous, le peuple des États-Unis, nous avons décidé telle chose ! » Vous deviez dire : « Nous les États ; » car il n’y a pas de peuple américain, mais treize États souverains. Vous usurpez la souveraineté en parlant au nom du peuple. »

La réponse était trop facile. L’acte rédigé à Philadelphie était un projet qui devait être adopté par le peuple. Un notaire parle toujours au nom de son client. C’était au peuple américain à mettre sa signature au bas de cet