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tuation désespérée pour en appeler au pays, et décida l’Amérique à se sauver elle-même. Madison soutint avec énergie le projet patriotique de son jeune ami. Il rentra ensuite en Virginie. La Virginie était l’État qui avait mené la révolution. L’agitation politique était partie du Massachusetts ; mais la Virginie, par son importance, la richesse de ses habitants, la grande figure que faisaient ces riches propriétaires avec leurs nègres ou leurs attachés, n’avait pas joué un moins grand rôle. C’était là qu’était l’aristocratie coloniale.

Si la Virginie se prononçait pour la révision, il était sûr qu’elle entraînerait le reste de la confédération. Madison finit par emporter toutes les voix, et, le 4 décembre 1786, la Virginie déclara, avant tous les autres États, qu’elle voulait une réforme de la constitution, et elle nomma des délégués à la future Convention. Ce fut à la sagesse de Madison qu’on dut de voir figurer le nom de Washington sur cette liste, et ce grand nom entraîna ceux qui pouvaient hésiter. Ce sont certainement là de beaux services rendus par un homme de trente-cinq ans.

Madison en fut récompensé en voyant son nom porté sur la liste. Il fut envoyé le quatrième à la Convention fédérale. Il prit dans cette assemblée un rôle remarquable. Il sentit d’abord qu’il se faisait là une grande expérience : il s’agissait de savoir si la république était possible sur un immense territoire. Il n’y avait pas d’exemple d’un tel fait dans l’histoire. L’antiquité nous montre des petites cités qui vivent en république ; le système de l’antiquité est municipal. Quand Rome a