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parlé un langage plus noble, rarement on a mieux fait sentir à un pays qu’il a des devoirs à remplir et que l’honnêteté est son plus grand intérêt.

Madison sortit du congrès en 1783. Pendant la révolution on avait pris une telle crainte du despotisme, les esprits s’étaient tellement montés contre l’Angleterre, qu’on redoutait toujours que les excellents bourgeois du congrès ne devinssent des tyrans et ne voulussent s’éterniser au pouvoir. On imagina donc de décider que personne ne resterait plus de trois ans de suite au congrès. C’est ce qu’on appela le système de rotation. En d’autres termes, quand un homme avait fait son apprentissage politique, on le renvoyait pour le remplacer par un nouveau député qui ne savait rien. C’est un mauvais système auquel les Américains, qui sont des gens pratiques, ont depuis longtemps renoncé. La politique est un métier qui demande un apprentissage comme tous les métiers, et plus un homme y vieillit, plus il peut rendre de services.

En Virginie, il fut donné à Madison d’attacher son nom à un des actes les plus considérables de la révolution, un de ceux qui ont eu le plus d’influence sur les destinées de l’Amérique, et celui peut-être qui aura l’action la plus forte sur les destinées du vieux continent. La Virginie avait été constituée en vertu d’une charte royale. On avait eu soin d’y établir des immunités pour l’Église anglicane ; on avait décidé que les citoyens contribueraient à l’entretien du culte national, sans égard à leur croyance ni à leur confession. Le résultat de ce privilège avait été ce qu’il