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vivaient sur leurs terres comme la gentry anglaise. Il reçut une excellente éducation, et joua de bonne heure un rôle dans l’État. Dans les pays de population nombreuse, dans les grandes villes, il y a souvent beaucoup d’hommes capables qui sont étouffés dans la foule et ne peuvent se faire un nom ; mais dans les pays clair-semés, où l’administration communale est remise entre les mains des familles les mieux assises, un homme peut réussir de très-bonne heure, et c’est ainsi qu’en Amérique comme en Angleterre on s’habitue fort jeune à la pratique des affaires publiques.

Élevé à Princeton, dans le New-Jersey, Madison revint en Virginie en 1773, et se fit inscrire au barreau. En 1776, on le mit dans la convention qui rédigea la constitution de Virginie. Il y fit ses premières armes, et il lui est arrivé cette singulière fortune que, cinquante-trois ans plus tard, il put réformer cette constitution qu’il avait faite étant jeune homme. En 1780, on l’envoie au congrès. Ce fut le commencement de sa vie politique. Il se trouva auprès d’Hamilton, partisan, comme lui, de l’unité nationale, et dans cette assemblée il rendit de véritables services.

Après la paix de 1781, vous vous rappelez que faute de ressources le congrès se trouva dans l’impossibilité d’agir, soit à l’intérieur, soit au dehors. Hamilton demandait aux États de laisser établir un impôt de douane qui aurait donné au congrès un élément de puissance, l’argent. Ce fut Madison qu’en 1783 on chargea de rédiger l’adresse qui sollicitait les États de faire ce sacrifice. Cette adresse est restée célèbre. Rarement on a