Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rentré dans la vie privée en 1801, Hamilton assista à la chute de ses espérances. Le parti auquel il appartenait, l’idée qu’il avait défendue, qu’avait défendue Adams en l’exagérant, l’idée d’un pouvoir central supérieur aux États, fut condamnée par l’avènement de Jefferson à la présidence. Hamilton se consacra dès lors tout entier à sa profession d’avocat, et il y acquit une grande réputation. Un homme qui avait été ministre des finances, administrateur et organisateur d’armée, était un des esprits les mieux faits pour comprendre les affaires ; nous savons qu’il parlait admirablement, et qu’il joignait à cette faculté une force de travail extraordinaire. Deux auteurs français, Emerigon et Valin, étaient ses auteurs favoris.

Hamilton semblait en avoir fini avec la vie politique, lorsqu’en 1804 il eut une querelle avec un homme qui occupait une grande position en Amérique, le colonel Aaron Burr, qui était en ce moment même vice-président des États-Unis, et qui avait disputé la première place à Jefferson. Burr se présentait pour être gouverneur de l’État de New-York. Il se plaignit qu’Hamilton l’avait déclaré un homme dangereux ; et peu satisfait de ce jugement d’Hamilton, qui avait parfaitement le droit de le porter, il le provoqua en duel. Nous savons quelle fut l’agitation d’Hamilton. Il ne craignait pas le duel ; mais, suivant lui, se battre, c’était violer les lois de Dieu et du monde. Puis il avait des enfants, une femme qu’il aimait beaucoup, et même, il faut le dire à son honneur, des créanciers. Il avait besoin de vivre, non pour lui, mais pour d’autres. Hamilton se tira d’af-