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à des hommes. On ne manqua pas d’accuser Hamilton d’aristocratie, d’arrogance et de fierté. Son seul crime était de se mettre en travers des partis. Ce qu’on pardonne le moins aux gens, c’est d’avoir une idée à eux. Rien n’est plus odieux aux coteries qu’un homme qui n’épouse pas toutes leurs passions, et qui ose avoir et dire son avis. Crier avec la foule, c’est le grand secret de faire fortune. Mais Hamilton était de ces hommes qui connaissent deux popularités : il y a la popularité d’aujourd’hui, celle à laquelle on arrive en se laissant emporter par le flot, sauf à être rejeté demain à la côte ; puis il y a la popularité de l’avenir, qu’on obtient en se consacrant à la défense constante de la justice et de la vérité. C’était celle-là seule qui séduisait le noble cœur d’Hamilton.

Dans le Fédéraliste, Hamilton n’a pas de peine à démontrer la nécessité de l’union entre tous les membres de la confédération ; puis il établit, avec une netteté très-grande et une parfaite connaissance de toutes les questions, la nécessité d’un pouvoir exécutif fort, d’un pouvoir législatif et d’un pouvoir judiciaire indépendants. Le Fédéraliste est un manuel de liberté.

Grâce aux efforts d’Hamilton et de ses amis, l’État de New-York se prononça pour l’adoption de la constitution, et en décida le succès.

Hamilton eut la gloire d’avoir conquis à l’Union sa ville adoptive, et d’être choisi bientôt par New-York pour rédiger la constitution de l’État, qui est imitée de la constitution fédérale.

En 1789, Washington fut nommé président. Sa po-