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l’Amérique : c’était de s’adresser, non plus aux États, jaloux du congrès, mais au peuple américain, et de lui enseigner à se sauver lui-même. Ce fut là l’objet de la fameuse adresse de la Convention d’Annapolis, qui fut rédigée par Hamilton. On demanda au pays tout entier de nommer une Convention qui se réunirait à Philadelphie, en 1787, Convention qui aviserait à ce qu’il faudrait faire, qui aurait pour objet spécial, unique, de remédier aux défauts de la confédération ; on demanda en outre que le projet de constitution, une fois rédigé, fût soumis à la discussion populaire, de façon à ce que le peuple américain se donnât lui-même une constitution. Ainsi nulle violence, nul subterfuge ; rien qu’un langage, vrai, sincère, rien qu’un appel à la nation.

Cette adresse eut un grand succès. La Virginie s’y rallia la première. Washington mis sur la liste des délégués à la Convention finit par accepter, et c’est ainsi qu’on se réunit au mois de mai 1787 à Philadelphie. Hamilton était un des délégués de New-York. C’était à cette époque un des hommes les plus distingués de la révolution, et, malgré sa jeunesse, c’était aussi le mieux préparé. Dès l’année 1782, dans une lettre que nous possédons, il avait soutenu que l’Amérique formait une nation, que de toutes les colonies il fallait faire un grand peuple et un grand pays. Il avait le génie politique. Un diplomate, qui était bon juge des hommes, quoiqu’en général il les appréciât non à leur profit, mais au sien, M. de Talleyrand avait connu Hamilton en Amérique. Il disait que c’était la personne qui l’avait le plus frappé.

— En quoi, lui disait-on ? — C’est, répondait-il,