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retirer. Il s’était d’ailleurs marié l’année précédente ; il avait épousé la fille du général Schuyler, d’origine hollandaise, femme respectable, qui était destinée à lui survivre de plus de cinquante ans. En 1852 elle vivait encore, elle avait quatre-vingt-quatorze ans.

Hamilton n’avait pas de fortune. Durant la guerre, les officiers, vous le savez, n’avaient pas été payés ; la plupart s’étaient endettés et ruinés au service de la patrie. Hamilton voulut se faire un état indépendant. Avec cette facilité de changer de profession, qui est dans le génie américain, il se fît avocat à New-York. Il rencontra au barreau plus d’un compagnon d’armes qui, une fois la paix signée, se mettant à étudier le droit, venait plaider comme lui devant les tribunaux. La toge remplaçait l’épée.

Son mariage lui avait donné quelque racine dans le pays : il entendait les affaires, il parlait avec chaleur ; il fut bientôt un des meilleurs avocats de la ville, et avec assez d’éclat pour qu’en 1782 la ville de New-York l’envoyât au congrès.

C’est là que commence le second acte de sa vie politique. La première partie de sa vie s’était passée à faire la guerre, il allait maintenant devenir législateur. En entrant au congrès, il trouva une situation des plus difficiles. C’était le moment où l’armée se plaignait de n’être pas payée. La paix approchait, les comptes des officiers n’étaient pas liquidés ; on était à la veille d’une émeute et peut-être d’une guerre civile. Le grand mérite d’Hamilton fut d’apprécier le premier cette crise, de la signaler à Washington, de lui indiquer